C'était écrit - épilogue

Dans le monde réel


Au cours de la nuit, un craquement troubla le silence, suivi d’un choc sourd. 


Comme si le mur lézardé se refermait.


Le lendemain matin, quand Marie se leva, la neige recouvrait tout ; il ne s’agissait plus d’un filet de dentelle, mais d’une épaisse couche lumineuse qui bouchait les interstices du sol pierreux de la terrasse, qui remplissait les fissures marbrant la terre gercée du jardin. A l’horizon, les montagnes massives étaient immaculées, presque aveuglantes dans les pâles rayons du soleil hivernal. Marie soupira ; puis, détournant les yeux de la fenêtre et du ciel d’un blanc uni, elle ouvrit son cahier, le relut, le referma.


Ce n’était pas simplement l’histoire d’Ylin. Que de détours pouvait emprunter la pensée ! Et que d’idées étranges pouvaient en naître ! Des mondes imbriqués comme des poupées russes ? Allons donc, c’était impossible ! Heureusement que l’univers n’était pas construit ainsi, songeait Marie. Sinon, qu’en serait-il des livres qui confrontent des univers parallèles ? Que de complications une telle conception des choses engendrerait-elle ! Et pourtant, une sorte de regret pinçait son cœur et son âme. Quelque chose en elle se révoltait ; allons, bon ! Voilà qu’elle souhaitait que tout cela fût vrai, à présent ! 


Soudain, elle eut le sentiment d’être observée. C’est vrai ; c’est pour cela qu’elle avait modifié son histoire ; elle s’en souvenait maintenant. Cette impression étrange, qui avait le don de la mettre mal à l'aise, avait fait naître chez elle une étincelle d'inspiration. 


La sonnerie du téléphone retentit. Marie se leva, et ne fut plus guide ni de ses pensées ni de ses actes.

Fin 2003 - 25 mars 2005 (retouché en octobre 2011)