Quand Marie arriva chez sa belle-sœur, celle-ci l'accueillit les larmes aux yeux.
« Oh, si tu savais, ... commença-t-elle.
– Plus tard, Clémentine. Tu me raconteras cela en route. Prends ton sac à main, tes clés et dépêche-toi de me rejoindre à la voiture.
– D'accord, mais... »
Trop tard. La jeune femme était déjà ressortie.
Il ne fallut qu'une minute pour que l'épouse de son frère la rejoigne ; malgré tout, elle eut l'impression d'attendre des heures. A peine la portière de sa passagère était-elle refermée que Marie démarrait et se dirigeait vers l'hôpital aussi vite que l'intensité de la circulation le permettait.
Pendant ce temps, Clémentine tentait de lui raconter l'agression sans éclater en sanglots. Quelqu'un avait vu de sa fenêtre un homme — son époux — se faire interpeller par une bande de voyous qui en avaient après son téléphone ; ce n'était pourtant pas un modèle dernier cri. Méfiant mais refusant de se laisser intimider, il leur avait tenu tête. Voyant les jeunes gens se resserrer autour de lui, le témoin avait appelé la police et les secours. A leur arrivée, les délinquants avaient déjà disparu, laissant pour mort le frère de Marie.
Au fur et à mesure que Clémentine parlait, les phalanges de celle-ci blanchissaient tandis qu'elle serrait rageusement le volant. Si seulement elle pouvait faire intervenir les héros de son roman dans le monde réel... Alors, ces petits c... regretteraient amèrement ce qu'ils avaient osé faire.
Une fois à l'hôpital, c'est à peine si elle prêta attention aux couloirs aseptisés qu'elle traversait et aux infirmiers qu'elle croisait. Elle avait même oublié la présence de sa belle-sœur à ses côtés. Elle ne se calma qu'une fois dans la chambre de son frère. Là, dans cette pièce pleine d'appareils de mesure, elle recouvra son sang-froid. Lentement, elle approcha du lit. Ce qu'elle vit l'horrifia. La tête bandée, les yeux tuméfiés, le nez pansé, sans doute brisé, le masque à oxygène, le bras gauche et les jambes plâtrées... Un vertige s'empara d'elle et Clémentine se précipita pour la soutenir.
« Comment peut-on faire une telle chose ? murmura Marie. Où va le monde ? »
Alors, un besoin irrépressible de retourner à son roman l'envahit. Au moins, elle pouvait y contrôler les événements. Tandis qu'ici, dans le réel, tout lui échappait sans cesse ; elle n'avait prise sur rien.
Lentement, elle se détourna de son frère. Clémentine lui fit signe qu'elle demeurait là. C'est donc seule avec ses sombres pensées que la jeune femme prit le chemin du retour.
Une bien jolie écriture , j'aime te lire
RépondreSupprimerDouce et agréable journée ERYNDEL
Bisous
timilo
Heureuse que ça te plaise, timilo.
RépondreSupprimerBonne journée également.
Très bon chapitre, un vrai régal. Les deux dernières parties me donnent un tas d'idées possibles quant à la suite des événements.
RépondreSupprimerMerci ! :)
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