Nouvelles et romans

dimanche 2 octobre 2011

C'était écrit - Chapitre I (1)

Voici, retravaillée un peu, une nouvelle d'une trentaine de pages que j'ai écrite quand j'étais étudiante. Elle est imparfaite, mais je souhaiterais néanmoins vous la faire découvrir.


REMARQUE : les "messages plus anciens" sont en fait les plus récents. Ils sont anti-datés afin que le roman soit lisible dans l'ordre. Bonne lecture !

Découverte
Dans le monde "réel"

"Le Chef de Guerre Taciturne regarda fixement Ylin qui, là-bas, le défiait avec ses amis, une fois de plus. « Attaquez », ordonna-t-il froidement à ses troupes. Et dans ses yeux glacés bouillonnait un volcan. « Attaquez ». Ce seul mot provoqua le déferlement de ses hordes de lupâos."


Marie cessa d’écrire et, à court d’idées, regarda le plafond. Dire que son récit touchait à sa fin... Elle savait parfaitement comment il s’achèverait : l’héroïne mourrait de la main de son ennemi. C'était impératif, il ne pouvait en être autrement. Elle se refusait à clore son roman sur une happy end insipide. Mais comment faire ? Comment enchaîner l’immense bataille et le duel à mort ? Les compagnons d’Ylin feraient-ils diversion pour qu’elle puisse atteindre le Chef de Guerre Taciturne ? L'armée de créatures volantes était trop imposante, cela ne paraîtrait pas crédible. Se fraierait-elle un chemin jusqu’à lui en frappant à mort les lupâos ? Bah ! Encore plus farfelu. Mourrait-elle en tuant son ennemi juré ou serait-elle dépassée par la horde de monstres ? En soupirant, découragée, la jeune femme se prit la tête entre les mains. Il fallait finir ce livre ! Il le fallait !

Cette artiste en herbe âgée de dix-neuf ans en était à son deuxième roman. Le premier n’avait eu qu’un succès mitigé. Et encore... Il s'était surtout perdu dans le flot de nouveautés publiées sans discontinuer, sans qu'il y ait vraiment une distinction entre le bon et le mauvais. Néanmoins, loin de se décourager, elle avait décidé de persévérer.

Pourquoi ? Parce que l’écriture était son seul réconfort. Le monde réel ne lui avait rien apporté : il n'était qu'une suite sans intérêt de jours toujours semblables. En revanche, chaque fois qu’elle se penchait sur une feuille de papier, son stylo de nacre en main, elle avait l’exaltante sensation d’échapper enfin à une entité qui dirigerait ses actes. Oui, enfant déjà, quand elle se plongeait dans des mondes imaginaires, elle se sentait libre. La première fois qu'elle avait réalisé cela, lorsqu’elle avait confié cette impression à ses parents, ils avaient souri avec indulgence. Oui, l'imagination n'avait pas de limites ; et oui, c'était normal qu'elle ne se sente pas libre de faire tout ce qu'elle veut : il y avait des lois, des règles de conduite, dès lors qu'on vivait en société. Ils n'avaient rien compris. Quand elle expliquait qu'elle ne se sentait pas maîtresse de sa vie, elle voulait dire qu'elle s’était surprise à agir contre sa volonté ; il lui arrivait même de ne pas pouvoir bouger quand ses sens lui criaient de faire un mouvement. Comme ce jour malheureux où un enfant s’était jeté sous les roues d’une automobile : elle n’avait pas réussi à le prévenir ou à l’en empêcher, malgré toute sa bonne volonté. Ses membres tétanisés n'avaient pas répondu aux injonctions alarmées qu'elle leur envoyait. Comment ne pas être fataliste, après cela ?

Oui, vraiment, songeait-elle, les tragédiens antiques et leurs successeurs classiques n’avaient pas tort : le Destin existait. Sans cela, elle serait capable de faire ce qu'elle désirait... Il savait depuis toujours ce qu’Il ferait subir à toute forme de vie. Il savait comment Il les ferait vivre, mourir, souffrir, et était prêt à tout pour empêcher quiconque de contrecarrer Ses projets.

Et, bien sûr, personne ne pouvait Lui résister...

Une fois encore, elle eut l’impression d’être observée, comme si quelque indiscret avait le pouvoir de percer le toit et le plafond du regard. C'était absurde. En tout cas, n'importe qui d'autre aurait trouvé cela absurde. Mais pas Marie.

6 commentaires:

  1. ça va pas être dur de gérer 2 blogs?????? Bises

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  2. Non, ne t'en fais pas ! Les poèmes, ça va vite à écrire, quant aux textes que je publie ici, ils sont certes longs mais de toute façon, je les écris d'abord sous Word. Celui en cours, par exemple, est déjà intégralement achevé.
    Bref, je devrais m'en sortir ! :)
    Amitiés.

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  3. Nous voilà de retour dans la réalité et face à une jeune femme avide d'écriture... Ne serait-ce-pas un peu de toi que tu as livré dans ce chapitre, Eryndel ?... Et comme souvent, le besoin d'écrire est malheureusement incompris, tu l'évoques bien ici.

    Amitiés,

    Cathy.

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  4. En réalité, ce n'est pas un retour dans la réalité puisqu'il s'agit du premier chapitre... Afin que ceux qui ne connaissent pas le texte puissent le lire dans l'ordre, je publie les articles de façon à ce que les plus récents paraissent dans l'ordre de lecture.
    AMitiés

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  5. Je suis avec intérêt ton histoire, mais j'ai des difficultés à réusssir à poster un commentaire. Grosses bises.

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  6. Ce sont des choses qui arrivent. Merci pour ta lecture assidue ! Bises.

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