Nouvelles et romans

dimanche 2 octobre 2011

C'était écrit - Chapitre II (5)

Dans le monde de l’imaginaire


Or donc Ylin posa la pointe de son épée sur le sol sanglant et joignit les mains sur le pommeau d’argent. Face à elle  se tenait le Chef de Guerre Taciturne, et il était si proche d’elle qu’elle eût pu toucher son destrier. Sans un mot ils s’observèrent ; en silence s’attaquèrent. Et le sang jaillissait autour d’eux, mais ils ne le voyaient plus. Le fracas de leurs armes retentissait autour d’eux, mais ils ne l’entendaient plus. L’odeur de la mort s’enroulait autour d’eux, mais ils ne la sentaient plus.


Seul comptait le duel.


L’Arc Blanc combattait avec passion ; le Chef de Guerre luttait avec calme. Ils frappaient d’estoc, ils frappaient de taille. Un flot vermeil coulait de leurs béantes entailles. Lors un  rugissement résonna : car le chevalier mourant s'était relevé pour lutter contre les monstres qui vrombissaient. Son aimée sourit malgré elle, son ennemi tourna à peine le chef. Mais ni l'un ni l'autre ne baissa sa garde, car tous deux désiraient la victoire.
L’épée d’Ylin la fière rebondit sur l’armure d’acier du guerrier Taciturne, et l’arme noircie de celui-ci traversa la tunique en cuir de celle-là. Et le sang des deux adversaires se mêlait à la terre. Un gémissement d'agonie s'éleva comme le Preux faiblissait face à ses adversaires ailés. Et Ylin au blanc visage ne l’entendit point, et son sombre ennemi y prêta peu attention. Pour lors seul comptait le duel.


La main de l’elfe guida la lame vers le défaut de la cuirasse du Félon. Un mouvement de poignet du glacial guerrier désarma la jeune fille. La fatigue les affaiblissait, leurs membres ensanglantés tremblaient, leur force s’échappait. Soudain un soupir s’éleva, et malgré le bruit que faisaient les lupâos triomphants, la belle Ylin l’entendit : car Madran se mourait, Madran était mort. Lors Ylin comprit qu’il lui fallait maintenant partir. Désarçonnant son ennemi, elle lui prit son destrier. Et les larmes l’aveuglaient tandis qu’elle l’enfourchait. Elle s’enfuit au galop vers les Montagnes des Dragons de Nacre.


Et le Chef de Guerre Taciturne ne bougea point, et il la regarda s’éloigner. Les Lupâos attendirent un ordre, mais leur général demeura silencieux et rengaina son épée. Il savait qu'un jour proche, l'elfe de lune reviendrait l'affronter.

4 commentaires:

  1. C'est rare de lire des combats aussi bien racontés sans sombrer dans l’excès de détail ni dans un "combat clownesque".

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  2. C'est vrai ? Je craignais qu'il ne soit pas suffisamment détaillé.

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  3. J'admire ton imagination et ta façon de nous faire rêver !

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